S’affranchissant de la tradition du pinceau, elle invente sa façon de déposer la peinture sur les toiles en utilisant la pointe des épingles à cheveux de ses chignons. Son travail se fait à plat, sur la toile souple qu’elle fait ensuite tendre sur des châssis confectionnés sur mesure.
Sa technique et son travail ont évolué au fil des tableaux, les gouttes ayant pris de la hauteur et de l’importance, le polychrome est abandonné au profit des monochromes bleus et blancs.
Jane dépose ses gouttes de peinture acrylique, jusqu’à une vingtaine de couches successives, construisant chaque « goutte » comme un petit édifice étage par étage. Chaque goutte correspond à un atome, une particule, l’ensemble composant une forme toujours en mouvement, avec l’apparition des ombres au fil de la journée, puis des éclairages la nuit.
La lumière et les ombres des gouttes ont pris une importance essentielle dans les derniers tableaux. Lorsque la lumière rasante devient l’unique source d’éclairage du tableau, les ombres vont former sur les parties vierges un mouvement créatif sans cesse renouvelé. Le tableau va être comme prolongé par un pinceau générateur d’ombres fugitives. Celles-ci se croisant, s’allongeant, s’épaississant selon la structure des gouttes.
L’intensité des ombres et leurs tailles – jamais identiques – confèrent au tableau une profondeur inattendue, leur lente apparition lui donne vie. D’une esthétique d’inspiration zen et méditative, les œuvres, en perpétuelle mutation, s’enrichissent d’une nouvelle vie lorsque, la nuit tombée, elles sont animées par la lumière artificielle.
Aujourd’hui, Jane travaille chaque « collection » de tableaux pour ses expositions, comme elle développait ses collections de vêtements. Les dessins préparatoires sont l’étape essentielle. Ils déterminent le choix de l’ensemble des toiles qui vont se répondre les unes aux autres, avec la même écriture, les gouttes et le même sujet, la Vie.
Une écriture exigeante qui demande du temps, de l’application et une conscience précise de l’exécution du dessin. Il n’y a pas une goutte en trop ou en moins. Plaisir et désir de perfection se conjuguent et trouvent leur aboutissement dans ce geste précis et répétitif, envoûtant et méditatif comme une musique de Philip Glass.
Jane explore des formes et des mondes nouveaux ou en mutation, comme un prétexte pour peindre à l’infini, pour reproduire ce qui ne se fige jamais et se renouvelle toujours, LA VIE.